Notes du Cygne noir – Black Swan de Nassim Taleb

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Le cygne noir de Nassim Nicholas Taleb est un livre expliquant comment nos convictions et nos connaissances peuvent nous réserver de mauvaises surprises. 
Le « cygne noir” (Black Swan) est un événement que l’on pense être impossible et qui pourtant se produit quand même et modifie radicalement notre monde.

« L’avenir est un pur hasard, on perd son temps à le prédire »

Nassim Nicholas Taleb

En tant qu’humains, nous utilisons notre cerveau pour analyser tous les signaux autour de nous en informations utiles. C’est d’ailleurs ce qui nous a permis de créer la science, la philosophie et des méthodes pour valider des concepts et les mettre en pratique.  
Mais cela peut nous rendre aveugles aux paradigmes qui ne font pas partie de nos croyances.  

Ce genre de raisonnement dogmatique peut entraîner d’énormes surprises. Nous sommes parfois surpris par des événements non pas parce qu’ils sont aléatoires, mais car notre perspective est trop étroite. Ces surprises sont connues sous le nom de « cygnes noirs » et peuvent nous amener à reconsidérer fondamentalement notre vision du monde.

Pourquoi le cygne noir ?

Taleb utilise le symbole du Cygne noir, car n’ayant vu que des cygnes blancs dans notre vie nous pensions qu’il n’existait que cygnes blancs. Cependant, des cygnes noirs ont été découverts en Australie bien plus tard. Cette découverte était imprévisible et a redéfini notre connaissance 

2 exemples de “Cygnes noirs” :

  • Les attentats du 11 septembre :  Personne ne l’avait vu venir (sauf les terroristes) car nous pensions être en sécurité et un attentat de ce genre n’était jamais arrivé. Ensuite, tout le monde s’attendait à en voir d’autres alors qu’en réalité nous étions sur la probabilité la plus faible.
  • Le Covid : Cette crise d’ampleur mondiale nous a pris par surprise. Et nous essayons de comprendre d’où elle vient et pourquoi. (Écologie, politique, laboratoire…). Cet évènement extrême n’a jamais été imaginé et la moitié de la population mondiale s’est retrouvée confinée en quelques semaines.

Cependant le Cygne noir n’est pas nécessairement un évènement négatif. Par exemple, le succès de Harry Potter sur les adultes ou  la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb étaient aussi des évènements imprévisibles. 

Le cygne noir est une expression désignant un évènement imprévu qui sort du cadre de la logique.
Les conséquences, positives ou négatives, sont extrêmes et nous cherchons toujours à les justifier. 

Le Cygne noir : La puissance de l'imprévisible

Notre façon de penser rend les prévisions difficiles

Notre cerveau a été programmé pour la survie et l’adaptation dans un environnement dangereux. Cependant, aujourd’hui nous l’utilisons surtout pour prévoir des choses dans un environnement complexe. Or notre façon de penser n’est pas adaptée pour cette complexité. 

L’erreur de narration

Nous avons besoin de cohérence pour nous construire.

Notre cerveau a besoin de donner un sens à notre situation actuelle. Pour cela, il crée des histoires cohérentes en fonction de notre expérience passée et des informations que l’on reçoit. ( Par exemple : vous aimez la musique parce que votre mère vous chantait tous les soirs des chansons). 

Cela est dû à la quantité massive d’informations auxquelles nous sommes confrontés chaque jour. Pour donner un sens à tout cela, inconsciemment nous ne sélectionnons que les informations que nous jugeons importantes. Et afin de donner un sens à ces informations non reliées entre elles, nous les transformons en un récit cohérent.

Par exemple, lorsque vous réfléchissez à votre propre vie, vous ne sélectionnez probablement que certains événements comme étant significatifs, et vous ordonnez ces événements dans un récit qui explique comment vous êtes devenu ce que vous êtes. 

 C’est pourquoi, quand un événement survient, vous le considérez comme une partie d’un tout, comme un élément de votre narration

Cependant, croire que nous pouvons fonder nos prévisions sur la connaissance du passé est une erreur qui peut avoir des conséquences désastreuses. Car le processus ne fonctionne qu’en se penchant sur le passé et ne tient pas compte des explications quasi infinies qui sont possibles pour un événement donné et pourraient aller à l’encontre de notre histoire. 

L’exemple de la dinde : 
Imaginez que vous êtes une dinde vivant dans une ferme. Au fil des ans, le fermier vous a nourri, vous a laissé vagabonder librement et vous a fourni un endroit où vivre. Si vous vous servez du passé comme guide, il n’y a aucune raison de s’attendre à ce que demain soit différent. Hélas, demain, c’est Thanksgiving, et vous êtes décapité et mangé par ceux qui vous ont logé et nourri. 
Vous avez établi vos prévisions en fonction d’évènements passés.

Le biais de confirmation

Nous avons tendance à ne voir qu’une partie de la vérité. Cette déformation est appelée biais : c’est la différence entre ce qui est observé et ce qui existe. 
Nous sommes enclins à avoir des croyances étroites sur le monde. Une fois que nous avons une idée sur la façon dont le monde fonctionne, nous avons tendance à nous y accrocher.

Quel que soit le domaine, quand nous cherchons les preuves de quelque chose, nous sélectionnons principalement celles qui valident nos croyances. 
Nous acceptons plus difficilement les études et informations qui contredisent ce que nous pensons. Cela se voit aussi dans les groupes que nous fréquentons. (Parti politique, type de régimes particulier, façon de penser).
Nous préférons nous regrouper avec les gens pensant les mêmes choses sans regarder ailleurs.

Un exemple flagrant de ce biais est le changement climatique. Il y a d’un côté les pro-écologiste qui pensent que nous devons tout changer dans nos vies et que la planète court un grave danger. Et de l’autre, il y a les climato-septiques qui pensent que nos actions ne posent pas de problèmes pour l’environnement. Chacun des groupes va promouvoir des idées, arguments et études en leur faveur sans prendre de recul. 

Sophisme ludique

Nous sommes beaucoup trop confiants dans ce que nous croyons savoir. Nous aimons tous nous protéger, et l’une des façons d’y parvenir est d’évaluer et de gérer la possibilité d’un risque. 

Malheureusement, nous sommes beaucoup trop assurés dans le fait que nous connaissons tous les risques possibles contre lesquels nous devons nous protéger. C’est ce qu’on appelle le sophisme ludique. Selon l’auteur, nous avons tendance à gérer le risque comme un jeu, avec un ensemble de règles et de probabilités que nous pouvons déterminer avant de jouer.

Or, quels que soient nos efforts, nous ne serons jamais en mesure de calculer précisément tous les risques. 

L’arrogance épistémique

L’arrogance épistémique est la tendance à surestimer ce que l’on sait, en sous-estimant toujours ce que l’on ne sait pas. L’information peut nuire à la connaissanceCe n’est pas parce qu’une personne est experte qu’il faut se fier à ses prévisions, car l’hyper spécialisation des experts les empêche de garder  l’esprit ouvert.  

« Absence de preuves n’est pas preuve d’absence ».

Il y a 200 ans, les médecins pensaient qu’ils avaient toutes les connaissances en médecine et pourtant aujourd’hui, on sait que les méthodes utilisées à l’époque n’étaient pas les plus adaptées.

Cette confiance que l’on a sur nos connaissances et sur nos croyances nous rend aveugles.
Par exemple, si on ne sait pas que certaines bactéries existent comment trouver une explication sensée à une maladie. Elle sera faussée par un manque d’informations.

cygne noir

Comment se prémunir contre les cygnes noirs ?

L’empirisme sceptique

C’est le principe de douter systématiquement de tout et d’être conscient de notre ignorance.
Elle permet aussi d’apprendre à changer de perspective en prenant conscience qu’il y a plus de choses que l’on ne sait pas que de choses que l’on sait. 

“Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien”

Socrate
  • Faire l’inventaire de ce que vous ne savez pas vous aidera à mieux évaluer les risques.  
  • Avoir une bonne compréhension de nos limites en tant qu’êtres humains peut nous aider à faire de meilleurs choix.
  • Soyez conscient que vous êtes sujet à un biais cognitif, comme tout le monde, il est beaucoup plus facile de le reconnaître lorsque vous ne recherchez que des informations qui confirment ce que vous croyez déjà être vrai. 
  • Si vous savez que nous aimons tout organiser en récit, et que ce genre d’approche simplifie la complexité du monde, alors vous serez plus enclin à rechercher des informations supplémentaires pour avoir une meilleure vue d’ensemble

Nous ne pouvons pas triompher du hasard ou de notre capacité limitée à comprendre la grande complexité de notre monde, nous pouvons au moins atténuer les dommages infligés par notre ignorance. 

Méfiez-vous du « parce que ».

Bien qu’il soit absolument dans notre nature de rechercher des relations linéaires et causales entre les événements afin de donner un sens à ce monde complexe, la réalité est que nous sommes pas capables de faire des prédictions sur l’avenir et pour établir des causes pour le présent.

Plutôt que d’alimenter notre désir de voir les événements dans une relation claire de cause à effet, il est préférable d’envisager un certain nombre de possibilités sans relations entre elles.

Tirez parti des Cygnes noirs positifs et de l’incertitude

Est-il impossible de prévoir quoi que ce soit ? Avoir conscience des différentes erreurs (de narration, de confirmation, et ludique). Pour éviter de devenir un expert inutile :

  • Acceptez l’incertitude, acceptez de ne pas savoir.
  • Ne vous laissez pas pour autant aller à une attitude passive et fataliste.
  • En ayant conscience du Cygne noir, cherchez à vous exposer au Cygne noir positif et à tirer parti de l’incertitude. Cherchez des solutions à vos problèmes de la façon la plus large possible.
  • Soyez prêt à toutes les éventualités, du moins, à toutes celles qui se justifient.

La prédictibilité totale n’existe pas, alors soyez préparé à un vaste éventail de possibles. Pour cela, faites jouer la sérendipité : rappelez-vous que les grandes découvertes se font la plupart du temps par hasard ! Procédez par tâtonnement. 

Vous ne pouvez pas prétendre trouver la solution aux problèmes immédiatement, facilement ou rationnellement, alors faites jouer le hasard en votre faveur.

  • Maximisez les occasions, et prenez conscience de la valeur des opportunités qui vous sont données ;
  • Recherchez les opportunités de rencontres, allez à des fêtes, participez à des discussions informelles, elles contiennent peut-être votre chance ou votre solution.

Conclusion du livre du Cygne noir (Black Swan)

Soyez conscient que le Cygne noir existe, et faites en sorte d’en tirer le maximum. La dynamique du Cygne noir est de plus en plus présente dans la société .Il faut faire tomber vos œillères pour réussir à avoir une meilleure compréhension des choses. Accepter de ne pas savoir et apprendre à regarder ce qui n’est pas montré. 

Même si nous faisons constamment des prédictions sur l’avenir, nous sommes en fait très mauvais dans ce domaine. Nous faisons beaucoup trop confiance à nos connaissances et nous sous-estimons notre ignorance. Notre dépendance excessive à l’égard de méthodes qui semblent avoir un sens, notre incapacité à comprendre et à définir l’aléatoire sont autant de facteurs qui contribuent à une mauvaise prise de décision.

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